Droits des personnes intersexes

Participants au troisième Forum international intersexes, à Malte, en .

Les droits des personnes intersexes sont l'ensemble des droits spécifiques des personnes intersexes, qui sont souvent victimes de discriminations, voire de violences ou de mutilations, constituant une violation des droits humains. La protection des droits des personnes intersexes ou son absence varie selon les pays, notamment concernant celles mineures et les mutilations que certaines subissent, d'une part, et l'explicitation de l'interdiction de la discrimination, d'autre part (soit son inclusion explicite dans la discrimination suivant le sexe). Certains pays reconnaissent en outre un troisième marqueur de genre, neutre ou non binaire, spécifique ou non aux personnes intersexes le souhaitant (ou non), mais les mouvements intersexes ne militent pas pour cette catégorisation. Les pays qui ont des législations garantissant formellement le respect de toutes les caractéristiques sexuelles et notamment de leurs variations hors de la binarité des personnes dyadiques, c'est-à-dire sans intersexuation, sont très rares, et font partie des plus libéraux sur d'autres droits LGBT+, mais les pays les plus libéraux de tous ceux qui apparaissent globalement pour les droits LGBT+ ne sont pas forcément favorables aux droits intersexes, et les pays qui ont ces législations protectrices sont bien plus rares que ceux relativement libéraux en général.

Les personnes intersexes naissent avec des caractéristiques sexuelles — notamment génitales (des organes génitaux internes ou organes génitaux externes), gonadiques, hormonales et/ou, mais pas nécessairement, chromosomiques, renvoyant scientifiquement à la pluralité de paramètres qui sont actuellement considérés comme définissant le sexe et pouvant remettre en cause la perspective binaire — qui, d'après le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, « ne correspondent pas aux définitions binaires types des corps masculins ou féminins »[1],[2].

Les personnes intersexes sont confrontées à des stigmatisations et discriminations dès la naissance, en particulier lorsqu'une variation intersexe est directement visible sur leur corps. Dans certains pays, cela peut aller jusqu'à l'infanticide, l'abandon ou la stigmatisation des familles. Les mères en Afrique de l'Est peuvent être accusées de sorcellerie et la naissance d'un enfant intersexué peut être décrite comme une malédiction[3],[4],[5].

Rectangle jaune/or avec un rond violet au milieu.
Drapeau de la fierté intersexe, créé en 2013 par Intersex International Australia[6].

En Occident également, les nourrissons et enfants intersexes, en particulier ceux dont les organes génitaux externes sont ambigus, subissent souvent des traitements chirurgicaux et/ou hormonaux dans le but de faire correspondre leur corps à des caractéristiques sexuelles apparentes jugées socialement plus acceptables. Ces pratiques sont critiquées car sans nécessité médicale et occasionnant des traumatismes pour les enfants[7],[8]. Ces traitements peuvent impliquer une stérilisation. Les adultes, notamment les athlètes féminines de haut niveau, subissent également des discriminations[9],[10]. Dans les années 2010, ces problèmes sont reconnus comme des violations des droits de l'homme, avec des déclarations des agences des Nations unies[11],[12], du Parlement australien[13], et des institutions d'éthique allemandes et suisses[14]. Des associations de personnes intersexes ont également publié régulièrement des déclarations conjointes, notamment la Déclaration de Malte (en) au troisième Forum Intersexe International (en).

La mise en œuvre de la protection des droits humains dans la législation et la réglementation progresse cependant lentement. En 2011, Christiane Völling a remporté le premier procès réussi contre un chirurgien pour une intervention chirurgicale non consentie[15]. En 2015, le Conseil de l'Europe a reconnu pour la première fois le droit des personnes intersexes de ne pas subir de traitements d'assignation sexuelle[16]. La même année, Malte est devenue le premier pays à interdire les interventions médicales non consenties ayant pour but de modifier l'anatomie sexuelle, notamment celle des personnes intersexes[17].

Les droits des personnes intersexes sont également liés à d'autres droits humains et questions juridiques, notamment le droit à la vie, la protection contre les discriminations, le droit de déposer plainte et de recevoir réparation, l'accès à l'information (dossiers médicaux par exemple) et la reconnaissance juridique[16]. Jusqu'à présent, peu de pays protègent les personnes intersexes contre les discriminations[16]. D'autre part, seuls quelques pays interdisent notamment que les mineurs présentant certaines formes d'intersexuation subissent des chirurgies sans justification médicale, donc des mutilations, destinées à les conformer à une supposée norme dyadique (notamment à rendre leur apparence génitale plus typiquement féminine).

  1. « Free & Equal Campaign Fact Sheet: Intersex », United Nations Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le )
  2. « Personnes intersexes », sur ohchr.org (consulté le ).
  3. Civil Society Coalition on Human Rights and Constitutional Law, Human Rights Awareness and Promotion Forum, Rainbow Health Foundation, Sexual Minorities Uganda et Support Initiative for Persons with Congenital Disorders, « Uganda Report of Violations based on Sex Determination, Gender Identity, and Sexual Orientation » [archive du ], (consulté le ).
  4. Grady et Soy, « The midwife who saved intersex babies », BBC World Service, Kenya, .
  5. Beyond the Boundary - Knowing and Concerns Intersex, « Intersex report from Hong Kong China, and for the UN Committee Against Torture: the Convention against Torture and Other Cruel Inhuman or Degrading Treatment or Punishment », .
  6. (en) Ariane Sohrabi-Shiraz, « Pride flags explained – From traditional Rainbow to Intersex Flag », sur mirror, (consulté le ).
  7. « Enfants intersexes : les interventions médicales précoces et la question du consentement en débat », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. « Submission 88 to the Australian Senate inquiry on the involuntary or coerced sterilisation of people with disabilities in Australia », Australasian Paediatric Endocrine Group (APEG), .
  9. Rebecca Jordan-Young, Peter Sonksen et Katrina Karkazis, « Sex, health, and athletes », British Medical Journal, vol. 348,‎ , g2926 (PMID 24776640, DOI 10.1136/bmj.g2926, lire en ligne)
  10. (en-US) Juliet Macur, « Fighting for the Body She Was Born With », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  11. « Report of the UN Special Rapporteur on Torture », Office of the UN High Commissioner for Human Rights, .
  12. « Eliminating forced, coercive and otherwise involuntary sterilization, An interagency statement », World Health Organization, .
  13. Australian Senate, Community Affairs Committee, « Involuntary or coerced sterilisation of intersex people in Australia », (consulté le ).
  14. Swiss National Advisory Commission on Biomedical Ethics NEK-CNE, On the management of differences of sex development. Ethical issues relating to "intersexuality".Opinion No. 20/2012, Berne, coll. « 2012 », (lire en ligne)
  15. « German Gender-Assignment Case Has Intersexuals Hopeful », DW.COM, Deutsche Welle, (consulté le ).
  16. a b et c Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées coe
  17. Conseil de l'Europe, « Human rights and intersex people : Issue paper ».

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